L'eldorado catalan du sexe discount .

A deux pas de Perpignan, côté espagnol,
les puticlubs abritent
des centaines de filles venues
d’Europe de l’Est ou d’Amérique
latine.
Une prostitution "sous contrôle" mais qui profite aussi
aux réseaux.
Il est 17 heures: la maison close ouvre ses portes.
Des voitures, pour la
plupart immatriculées en France, s’engouffrent déjà sur
le parking,
tandis que des belles de nuit descendent des taxis collectifs
qui les amènent
devant ce "club" situé aux portes
de La Jonquera.
Un vigile contemple, impassible, ce ballet quotidien
surveillé par
une demi-douzaine de caméras.
Après avoir passé un portique
détecteur de métaux,
le client doit acquitter un droit d’entrée
de 10 euros.
C’est Pépé, un Marseillais de 25 ans, qui
vend les tickets.
"
Je bosse ici depuis trois ans.
Mes copains en rigolent,
mais je n’ai pas avoué à ma mère que je travaillais
dans un bordel.
Je lui ai dit que je travaillais à Carrefour, dans
les entrepôts, de nuit."
Dans une vaste salle aux allures de discothèque, les clients sont
accueillis
par une centaine de filles. Toutes jeunes, sexy, dénudées
et perchées sur d’interminables talons.
Les jours d’affluence,
le week-end ou en été, elles seraient plus de deux cents.
La plupart sont roumaines, les autres originaires de Russie, de Hongrie,
de Bulgarie ou d’Amérique du Sud. Aucune Espagnole.
Et une écrasante
majorité de clients français.
"L’ambiance est festive, on peut fumer, boire pour pas cher,
et il n’y a pas de délit de sale gueule à l’entrée.
C’est le week-end facile entre potes, raconte Tom, 45 ans.
On s’organise
pour partir en groupe; l’un conduit, les autres partagent
les frais
d’essence et de péage.
On passe la nuit ici et on repart."
" Les
gars profitent de leur passage pour faire le plein en essence,
en alcool
et en clopes, car ici tout est moins cher", explique Pépé.
"Au-delà de deux clients, je commence à gagner de l’argent"
Sous les néons du bar, les hommes sont un brin agités.
Quant
aux filles, elles n’ont qu’un objectif: les convaincre de prendre
l’escalier masqué
par des portes battantes et menant aux 60
chambres.
"La passe, c’est environ 50 euros, explique Erica,
une Brésilienne de 32 ans.
Chaque fille doit donner au club 70 euros
par jour
pour avoir le droit de travailler ici; certaines dorment sur place.
Moi, je paie 20 euros de taxi pour venir ici et rentrer chez moi.
Au-delà de
deux clients, je commence à gagner de l’argent
300 euros
ou 400 euros par nuit, ça dépend."
" Aucun travail
ne paie autant, assurent deux très jeunes Roumaines.
Même
si c’est moins bien depuis la crise."
Nico, qui se présente comme l’"administrateur" du
lieu, affirme que son établissement,
l’un des plus gros de
Catalogne, accueille en moyenne 600 clients par nuit.
"On ne prend
pas d’argent sur les transactions, assure-t-il.
Chaque fille est
maître de ce qu’elle veut faire, et décide du prix.
Mais les clients doivent acheter un kit à usage unique de 5 euros
qui comprend un drap jetable, un préservatif, du lubrifiant et une
serviette.
N’importe quelle fille peut venir travailler ici.

Mais
tous les mois nous faisons venir un médecin qui réalise sur
chacune d’elles
un prélèvement sanguin et un frottis;
celles qui ne s’y plient pas
ne peuvent plus travailler chez nous."
A deux pas de la frontière, entre La Jonquera et Figueres,
une
dizaine de puticlubs racolent en toute légalité, au grand
dam des habitants.
"Il y avait autrefois un restaurant familial, avec
une petite chapelle,
où l’on organisait des banquets. C’est
là que mon cousin s’est marié.
En 2004, il a été transformé en
bordel…", soupire Maria, 54 ans,
salariée d’un
hôtel à La Jonquera.
"Tout a changé, le village
a perdu son âme."
"La Catalogne est la région d’Espagne la plus touchée
par la prostitution",


Arte reportage 2018
"
Le fait est que ces établissements, autorisés
en Catalogne,
possèdent toutes les permissions nécessaires."
Et
les élus ne sont pas au bout de leurs peines :
après quatre
ans de batailles juridiques
le maire de La Jonquera, Jordi Cabezas, vient de perdre:
"Le
tribunal administratif a tranché, nous n’avons plus de recours
possible
contre cet établissement qui ouvrira sans doute cet été
Mais ce sera le dernier créé sur
notre commune car nous avons interdit l’ouverture
de nouveaux clubs à moins
de 3 kilomètres les uns des autres."
Une "manne" de 8.000 poids lourds
par jour…


Le maire de La Jonquera mène une autre guerre, plus ardue,
contre
la prostitution sur la voie publique :
"Nous avons pris un arrêté prévoyant
que la femme comme le client écoperaient
d’une amende de 300
euros à 3000 euros selon la sensibilité du lieu du délit,
près d’une école par exemple. Plus de 500 amendes ont été infligées à des
prostituées,
aucune n’a payé. Les clients, tous français,
ont payé."
La prostitution de rue continue à prospérer sur cette terre
sillonnée
chaque jour par 8000 poids lourds. Interdits sur le réseau
français
du samedi 22 heures au dimanche 22 heures,
les camions
bloqués asphyxient la ville chaque week-end.
Dès le dimanche
soir, en l’espace de huit heures, 1.600 franchissent la frontière…

Conscientes de cette manne, certaines maisons closes
leur ont aménagé des
parkings spéciaux.
Mais les camionneurs peuvent aussi obtenir des
services à bord :
les immenses aires de stationnement qui défigurent
LaJonquera
sont en effet visitées nuit et jour par des dizaines
de filles.
"Ici, tout est négociable, rigolent Justino, Jose
et João, trois chauffeurs portugais.
Certaines font le 'service
complet' pour 5 euros !"
"Ils achetaient du pastis, ils consomment des filles"
Sexediscount, maisons closes ouvertes à tous…
Malgré sa
visibilité, ce "tourisme" n’enrichirait guère
les caisses de la commune, si l’on en croit le maire.
Il est vrai
qu’au rayon "promotions", le village possède bien
d’autres atouts.
Car La Jonquera, c’est aussi cela : des stations-service
en file indienne,
16 supermarchés ouverts 7 jours sur 7, d’immenses
buffets facturés 15 euros,
des cigarettes débitées
par cartouches, des centaines de linéaires d’alcool
proposé à des
prix imbattables,
mais aussi de l’absinthe, de la liqueur d’"herbe"
et
des graines de cannabis en vente libre…
De l’autre côté de la frontière, l’ivresse à vil
prix fait des adeptes
même parmi les plus jeunes.
"Avant, ils
partaient là-bas le week-end pour acheter du pastis; maintenant,
ils y vont aussi pour consommer des filles...
Les collégiens de Montpellier connaissent déjà le
nom des maisons closes de la frontière.
Au lycée, dès qu’un grand frère a sa voiture, il amène les autres…"



Etrange retournement de l’Histoire: sous Franco,
c’étaient les Espagnols qui venaient s’encanailler en France.
Les files d’attente s’étiraient alors devant les cinémas qui projetaient
des filmspornos.
Jacques Font, dont la famille dirige depuis un siècle
des cinémas en Catalogne
– côté espagnol d’abord, à Perpignan
aujourd’hui –, se souvient:
"Toutes les salles de Perpignan en passaient; les Espagnols s’y pressaient.
Emmanuelle et Le Dernier Tango à Paris sont restés ici plus d’un an à l’écran!
"
Aujourd’hui,
ce que nombre d’habitants de LaJonquera espèrent avec impatience,
c’est une hypothétique réouverture de maisons closes
en France…
Afin que leur Catalogne cesse d’être l’eldorado
des amateurs desexe tarifé.
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